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8 Festival Romanistica
 

dans l’espace public ou interpersonnel, qui est appelé, parfois, « intertextualité » (Genette)[1], parfois, « dialogisme » (Bakhtine)[2], parfois, « interdiscursivité ».

  1. une dimension énonciative où se joue la mise en scène discursive avec son organisation descriptive, narrative, argumentative, énonciative et le choix des mots du lexique qui l’accompagne. Cependant, il convient ici de distinguer l’énonciation du point de vue de la langue et du point de vue du discours, bien que les deux soient intimement liés[3]. Du point de vue de la langue, l’énonciation a été définie par les textes, considérés comme fondateurs, d’Emile Benveniste[4] qui pose la présence des sujets Je et Tu comme déterminant l’acte même de langage, dans la mesure où parler, c’est toujours, pour un locuteur Je, s’adresser à un interlocuteur Tu, lequel peut à son tour prendre possession de la parole. Il s’établit ainsi entre eux un rapport de réciprocité non symétrique : pas de Je sans Tu, pas de Tu sans Je. À partir de ce principe de fonctionnement du langage, — qui détermine la présence de « l’homme dans la langue » — Benveniste décrit ce qu’il appelle l’appareil formel de l’énonciation[5], c’est-à-dire l’ensemble des formes et systèmes linguistiques qui expriment d’une façon ou d’une autre les différents positionnements du sujet parlant en relation avec son interlocuteur et ce qu’il dit : les pronoms personnels de 1ère et 2ème personne (positionnement des locuteurs), les temps des verbes et les adverbes de temps (positionnement dans le temps), les déictiques (positionnement par rapport à l’espace), les verbes, les adverbes de modalité et le discours rapporté (positionnement par rapport à l’énoncé), enfin, des adjectifs affectifs (positionnement par rapport à la subjectivité du locuteur). Du point de vue du discours, l’énonciation englobe la totalité de l’acte de langage. C’est le processus par lequel un sujet parlant met en scène son dire, l’ordonnant en fonction de divers paramètres lui permettant de construire une description, un récit, une argumentation, etc. Il s’agit là de deux définitions de l’énonciation dont on voit cependant comment elles s’articulent, la conception discursive déterminant la mise en scène de l’acte de langage, mais à l’aide de la conception linguistique qui fournit au sujet parlant l’appareil des marques linguistiques avec lesquelles il pourra s’exprimer.
  2. une dimension communicationnelle qui oblige à prendre en compte l’aspect externe de l’acte de langage, là où se trouvent
  1. Genette (1982).
  2. Bakhtine (1981).
  3. Voir Dictionnaire d’Analyse du Discours (2002).
  4. Voir Benveniste, Émile (1966), particulièrement le chapitre intitulé « L’homme dans la langue ».
  5. Benveniste (1970).